Combien de temps pour s'ajuster ? Le besoin d'un quartier universitaire.
«Plus de 2 600 étudiants de l’Outaouais
s’inscrivent chaque année dans des établissements d’enseignement supérieur
d’Ottawa, notamment parce que plusieurs programmes ne sont pas offerts à
Gatineau» déclarait l’ACESO en 2011. Elle déclarait aussi qu’«en 2010, l’UQO comptait
respectivement 38 et 65 programmes de moins que les universités
desservant le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Mauricie».
Comment avoir une vision identitaire,
gatinoise et québécoise, alors que nous laissons les autres villes
ontariennes et québécoises stimuler et instruire une partie importante de notre
relève ? Ce sera en positionnant Gatineau dans l’économie du savoir, en mettant un
frein à l’exode de nos étudiants vers les autres villes et provinces et en
créant un sentiment d’appartenance chez les étudiants et diplômés de Gatineau.
La nécessité et même l’urgence d’un quartier universitaire est donc
cruciale pour le développement à moyen et à long terme de notre Ville. J’ai
expérimenté personnellement les effets de cet exode quelques années passées,
lorsque ma fille de 17 ans est allée étudier à Québec. Pourquoi une mère
laisserait-elle sa fille, mineure, dans une ville qui se situe à 5 heures de
route du foyer maternel? Pour les études naturellement. Oui, mais nous avons
des écoles ici.
Quartier étudiant vu par une mère en visite
Il faut tout de même beaucoup de vision et de tolérance pour être une ville
hôte à cette clientèle étudiante. Il s’agit d’un groupe de résidents immigrants
qui s’approprient très rapidement les rues, les restaurants, le système de
transport en commun ainsi que les bars. Ici à Gatineau, on manque de tout ça.
Que font les jeunes étudiants à Gatineau? À Québec, ils sortent au Star Bar
tous les soirs de la semaine, sauf le dimanche et le lundi. Ils magasinent les
boutiques Simons, H&M, Gap et Esprit. Ils mangent sur la Grande Allée et
font la fête sur les Plaines. Plus important encore, ils le font en autobus à
toutes les heures de la journée et ce, sans Rapibus.
La ville semble accepter les boites de nuits, la musique, le bruit et les
foules. L’appartement à ma fille se situe à proximité du fameux Star Bar sur le
chemin Ste-Foy. Je me suis fais réveiller par les conversations et les cris de
joie des jeunes festoyant à 3h00 du matin! J’en ai profité pour observer
l’attitude de la ville face à cette délinquance. Les patrouilles policières ont
circulé dans les rues du secteur pour 1 heure, pour faire acte de présence et
minimiser les méfaits. Rien de spectaculaire à raconter; la foule s’est
dispersée tranquillement et je suis retournée me coucher. Le tout apporte
sûrement des problèmes, mais les jeunes sont notre futur et les autres villes
en ont plus que leur part.
Où en sommes-nous à Gatineau? Ville délaissée en matière de programmes
d’étude, regroupée avec Ottawa lorsque l’on parle de région étudiante, en
manque de vision pour cette clientèle dans la planification globale de la ville
et dans le PPU du centre-ville. Il nous faut donc une vision à long terme qui
considère la variété citoyenne. Il faut également beaucoup de communication
entre le conseil, ainsi qu’un travail d’équipe avec les organismes et commerces
du centre villes! Je reviens donc à ma question initiale, celle qui vient du
cœur d’une mère, combien de temps pour s’ajuster au départ de nos
enfants ? La solution que je propose comme élue est un quartier étudiants
avec des services orientés vers les besoins de la jeunesse.
Sylvie Goneau
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